Nos aventures à Whitby
La fin de semaine approchant, Velia me glissa le jeudi soir son envie de partir. Loin (mais pas trop), ensemble (les autres filles étant occupées) avec comme première idée une douce province : celle de Whitby. Après ma première semaine de rentrée, après s'être arrachée les cheveux sur quelques gamins récalcitrants à la langue de Molière, après avoir arpenté les soldes à Harrogate et loupé celles de France sans avoir rien trouvé, après un temps de merde, c'est par l'affirmative que je réponds à cette aventureuse proposition. Malheureuse.
Trois heures (les chiffres et leurs précisions sont, dans cette histoire, d'une importance primordiale). C'est le temps qu'il nous a fallu pour arpenter tous les sites Internet (train, bus, bus, train) du Yorkshire et bien au-delà et trouver un moyen de transport fiable : un compromis train (Harrogate - York) et bus (York - Whitby). A première vue, pratique et bon marché. Out l'idée d'une nuit dans une auberge de jeunesse : après renseignements, celles-ci sont toutes fermées. Soit : nous passerons là-bas quelques heures avant de retourner dans nos pénates. Les aventuriers - et ça je l'ignorais - se lèvent tôt le matin. A 6 heures 15, my fucking alarm-clock retentit dans ma chambre. L'oeil collé, mais motivée, je me rue dehors, direction la gare, oubliant au passage mon appareil photo, un deuxième pull "au-cas-où" et mes deux mandarines de 10 heures. Ah, Velia non plus n'a pas l'air spécialement bien réveillée. Tant pis. Dans le bus, on est entourées d'un aéropage de personnes âgées. Le bus fend la brume matinale empruntant des petits chemins complètement déserts, s'arrêtant dans des lieux communément surnommés "the assholes of the world" et des paysages appocalyptiques par leurs apparences désertiques et vides.
La BBC nous aurait-elle mentie ? "Soleil par alternance". Pour le moment, on doit être dans une alternance, justement. Nos complaintes sont balayées au profit des exclamations. C'est sacrément joli. Whitby est un village de pêcheurs de taille moyenne, au bord de la mer du Nord. Un grand port et une large plage sont coincés entre deux collines l'une où le village à été batit et l'autre - plutôt une falaise - où l'on trouve une abbaye déconstruite en partie il y a des années pour ses pierres. Le tout est très typique et touristique, du coup. Whaou. On voit la mer, ça faisait longtemps. Pour aller voir l'abbaye, faut emprunter un escalier - qui dénombre 191 marches et passer par une église et son cimetière, sur le bord de la falaise. Détails glauques : les bouquets de fleurs sur les barrières, tout le long de la falaise ultra abrupte. Nous empruntons le mauvais chemin pour entrer dans l'enceinte de l'abbeye - dont l'entrée est paynate - et nous retrouvons de l'autre côté.
- Tiens, c'est balot, le mur est super petit Velia. Regarde, on peut la voir, depuis là. Sorry. Oh, Velia, look, we can climb it, it's really esay, just one meter and a half. (sourire mailicieux)
- My god, no. What do you want to do ? We can't...
- Come on, do you want adventure.... ? It's the perfect occasion ! Comme je peux lire dans les yeux de ma compagne de voyage l'envie, je lâche le dernier argument.
- Are you fucking italian or not ? Là, les mots laissent place aux actes : on saute le mur et se retrouve dans l'enceinte. Putain, les caméras.
Deux minutes après - typiquement féminin - on flippe grave. On cherche les caméras (absolument partout en Angleterre) des yeux, pas l'air d'en avoir. Ouf. Le problème, c'est que l'on est pratiquement seuls dans l'enceinte, alors c'est pas très discret. On décide de faire "comme si" et photographie la magnifique abbaye, où plutôt ses pans de murs - avec vue sur la mer. On ne tardera pas, parce que bon, et décide malicieusement de repasser par le passage de l'aller - le mur en pierre de taille. Zut, y'a un "garbage man" en t-shirt fluo. En trente secondes, la visite est terminée. En route vers d'autres aventures.
Faut dire, Whitby, ça respire l'aventure. C'est le port ou Dracula serait arrivé. C'est aussi la ville du Capitaine Cook - le fameux, le vrai - qui est partit il y a quelques centaines d'années à la découverte du pacifique. Après une ballade sur le port - la photographie d'une mouette à côté de la caravane de la voyante - la plage, on entre dans le premier fish and chips, le ventre criant famine. Puis, visite de la ville, plutôt charmante. Le vent, dehors, est glacial. Frigorifiés, on décide de prendre le prochain bus. Détail : arrivé à l'arrêt, on vient de le louper à 10 minutes près. Le prochain est dans trois heures. My god.
Réfugiée dans un café, on tue le temps en papotant, collées au radiateur. Mais comme tous les magasins et cafés, il ferme. Commence ainsi une longue errance à la recherche de chaleur... on s'arretera même dans des "games shops" le long du port, avant de terminer dans le sas frigorifique d'attente de la station de bus, pendant près d'une heure. Putain d'aventure. Quand le bus arrive, on est prête à tomber en glaçon. Arrivées à York, on en apprend une bien bonne. On a 1 h 30 d'attente avant le dernier train pour Harrogate. Il est déjà 9 heures du soir. La seule solution, c'est le pub. Avec 20 minutes de retard, remplis de gens bourrés, le train part direction Harrogate. On arrivera à 11 heures du soir passé. 5 petites heures de voyages, pour quelques heures excitantes à Whitby. La prochaine fois, c'est sûr, on ira à Londres. On peut pas y voir la mer mais... c'est deux fois moins long.